Elle passe le
baccalauréat et sort enfin de sa pension pour aller
suivre les cours de ce qu’on l’on appelait à l’époque la classe de
philo au lycée Carnot de Cannes. Sa libération correspond à la
libération de la France. Taty arrive de Normandie pour s’occuper d’Hélène qui est mineure et ne peut donc pas vivre seule dans sa villa et repartira une fois qu’Hélène sera mariée pour revenir au moment de la séparation du jeune couple en 1953. Les scellés qui avaient été posés à la mort de sa mère Léontine sont levés et elle peut enfin retourner à la villa Rigel, la maison de son enfance heureuse avec sa mère. Quelle émotion, quelle joie et quelle tristesse a-t-elle éprouvées en retrouvant les meubles de son enfance, le piano, la cuisine où sa mère la forçait à manger, elle qui a eu si faim en pension pendant ses années de guerres ! Les affaires de sa mère sont encore dans les armoires, ses jouets d’enfant dans sa chambre, sa poupée Lilie l’a attendu pendant toutes ces années… Le temps s’est figé dans cette maison au jour où sa mère est entrée en clinique pour une opération bénigne et n’en ai jamais ressortie vivante. Les années de guerres ne sont pas entrées dans cette maison, le temps s’est arrêté avant la guerre. Tout rappelle les souvenirs des instants de bonheur qu’elle a idéalisé pendant ses années de solitude en pension. Avec Taty, elle découvre les trésors accumulés dans cette maison : les bons du trésor et les actions de sa mère, les pièces d’or, les bijoux… Heureusement, à dix-neuf ans, la joie de vivre est la plus forte. Hélène exulte de liberté et gaité. Taty n’est pas bien vieille non plus, elle n’a que trente-huit à trente-neuf ans, bien que prenant son rôle de tutrice au sérieux, une grande complicité s’installe entre elles. Hélène la bouscule, la fait rire et réveille en elle aussi la joie de vivre qu’elle ne s’est vraiment jamais autorisé à vivre depuis sa naissance. La guerre est finie. Les américains sont partout ! Distribuant sur leur passage chewing-gums et les orchestres de jazz à cette jeunesse qui revit. Finie la peur ! vive le cinéma ! vive l’Amérique ! |
1946 à 18 ans
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1946 à 18 ans
Hélène commence à aller à des surprises-parties et rencontre les jeunes gens de Cannes. C’est une riche héritière en âge de se marier. Elle rencontre André, ils tombent amoureux, ils se fiancent. |
1948 à 20 ans
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1947 à 19 ans
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Taty à la villa Rigel | Taty sur la croisette à Cannes |
Elle est amoureuse d’André, elle va se marier. A l'époque on est
majeure qu'à 21 ans. Avant son mariage, son père rentre d’Indochine et
vient s’installer tout naturellement à la villa Rigel. Elle retrouve cet étranger que sa mère a tant pleuré donc qui l’a fait tant souffrir et par ricochet elle-même. Elle lui en veut aussi de l’avoir abandonné pendant la guerre, de ne pas avoir trouvé le moyen de rentrer en France pour s’occuper d’elle, sa fille. Entre eux le courant ne passe pas. Lui, ne sait pas être un père, il est plutôt séducteur au dire de maman. Il ne sait pas comment se comporter avec cette jeune fille, qu’il considère à peine comme sa fille. La dernière fois qu’il la vit à Saigon avant son départ avec sa mère, c’était un bébé. Bien sûr, il a reçu régulièrement jusqu’en 1939 des photos mais même ces photos n’ont rien à voir avec la jeune fille, très belle qu’il a en face de lui. Et puis, il a refait sa vie avec une annamite à Saigon. Tout ce passé est loin pour lui. Cependant, il a bien l’intention d’exercer son autorité de père et de gérer les biens de sa fille. Elle est déçue de ne pas retrouver un père tel qu’elle a en a rêvé. Désormais ; elle lui voue une antipathie profonde et se méfie de lui qu’elle soupçonne de vouloir récupérer l’argent de l’héritage de sa mère à son profit. Par ce mariage, elle sera émancipée et échappera du même coup à la tutelle de son père. |